Boulevard du Montparnasse
Paris le 30 juin 2009 – 23h30 - Le vieil homme est mort : il m’interdit ainsi de parler de ma propre fin, qui s’est manifestement rapprochée : il ne faut pas trop charger les vivants ! L’acharnement des vivants à continuer la noria... Je me glisse petit à petit avec étonnement dans une peau de mammifère protecteur de sa descendance. Tout cela est vain : de multiples programmes d’un côté : dysplasie, néoplasie, carcinogenèse ; de l’autre un logiciel majeur : la tension de l’être pour se maintenir dans l’existence. Le beau-père du chirurgien a un cancer de la gorge radical, qui double de taille tous les 3 jours. Lui aussi me parle de ses jeunes enfants : sa femme est là-bas, en Bretagne et lui s’occupe de tout à la maison ; il dit en souriant qu’il n’était pas habitué. Nous on est à l’hôtel de Nantes, ce n’est pas en Bretagne, c’est derrière une vitrine de produits doux et ronds comme des cochons mormons. Alors qu’en Bretagne on élève par dizaines de milliers des cochons chrétiens qu’on tue même avant qu’ils ne deviennent cancéreux.